Le deuil
Je vais aborder aujourd’hui un sujet douloureux pour tout être humain : le deuil.
Lorsque nous parlons de deuil, bien entendu on penses à la perte d’un être cher, qui nous plonge dans une souffrance indescriptible. Nous rapprochons d’office le deuil à la mort physique, mais le deuil est également la mort symbolique, la fin d’une situation, la fin d’une relation, c’est en sommes la fin de quelque chose dont on doit en faire le deuil car elle n’existe plus dans notre présent. C’est un processus qui mène à la résilience.
Le deuil est décomposé en 7 phases, dans lesquelles nous pouvons faire des allés et retours par moment. Je souligne le « faire son deuil » qui est bien un verbe actif, il met en marche le processus, et bien qu’il soit intérieur et qu’on ait du mal à le comprendre il se fait.
Pour que le deuil aille jusqu’au bout et surtout en profondeur, il ne faut pas commettre l’erreur de la vitesse, aller trop vite équivaut à lancer sur son futur les graines d’embûches qui nous reviendrons en pleine figure plus tard.
Si le processus se réalise de manière superficielle, que l’on se voile d’illusions en se racontant un tas de mensonges, tout cela ira nourrir la haine, la colère, l’injustice et les blessures de l’égo. Tous ces ressentis sont des moteurs puissants pour se détacher vite de la personne et rapidement tourner la page, sauf que cela ne marche absolument pas, c’est un leurre !
Un deuil ne se bâcle pas, ne se fait pas dans la haine de l’autre mais dans l’amour de soi. Dans l’amour de tous ses choix, du bon et du mauvais qui a été et qui n’est plus. Un deuil bien fait nous responsabilise au fur et à mesure du processus et nous change profondément.
Il suffirait d’écouter notre corps qui nous parle et qui nous parle uniquement de nous. C’est un fait heureux que notre corps puisse extérioriser la douleur, autrement elle somatiserait et deviendrait maladie.
Vivre ses émotions est vital pour l’être humain, il n’y a rien de honteux à ressentir des émotions, à se sentir faible à un moment donné, à pleurer parce qu’on est triste. C’est humain et il ne faut surtout pas avoir peur de montrer sa vulnérabilité. Elle est source de richesses et de ressources pour nous dès maintenant.
1 * LE CHOC & LE DENI
Tout est reçu comme un choc, l’information est tellement soudaine que cela ne peut être la réalité, zéro émotion, simplement la sidération. Cette phase est très brève et laisse vite place à la suivante qu’est le déni.
Le deuil, emmène avec lui une partie de nous, ce qui était jusqu’alors le présent devient d’un battement de cil un souvenir, teinté d’émotions fortes, très fortes. Aucun mot n’est assez puissant ou juste pour expliquer ce que l’on ressent à l’intérieur de nous. La meilleure des choses que trouve l’inconscient à ce moment là est le déni !
La situation est trop pénible à vivre, voir insupportable, ce mécanisme de défense consiste à arranger la réalité pour qu’elle devienne tolérable.
Pour certains il y a une perte de connexion avec la réalité, ce qui nous empêche d’agir, de réfléchir, de raisonner, de ressentir quoi que ce soit comme émotion.
Alors que d’autres utilisent la fuite en avant, s’occuper l’esprit à tout prix, voir tomber dans l’hyperactivité dans le but de ne pas faire face. Mais c’est simplement une autre manière de nier la réalité.
Ici je vais rentrer de manière plus précise dans le deuil relationnel.
La tendance simpliste va vers le fait de se construire inconsciemment une distorsion de la réalité qui s’appuiera sur les mauvais côtés de cette personne, tout le mal qu’elle nous a fait, ses défauts insupportables, les manquements incompréhensibles, les comportements inadmissibles et j’en passes, bref cette personne devient un véritable ennemi tellement on s’en fait une joie d’élaborer une image négative.
Pourquoi ? Sans doute pour que cette fin puisse se justifier par « c’est mieux ainsi, c’est la bonne décision »
Mais comment peut-on se faire ennemi, quelqu’un qu’on avait choisi pour l’aimer et être aimé ? C’est un mensonge que l’on se fait à soi-même, vu que c’est une approche purement égotique.
Vite, vite on s’empresse de faire le deuil car cela ne vaut pas le coup de souffrir encore, vite on passe à autre chose, je fais ceci et puis je fais cela ou je passe à quelqu’un d’autre pour qu’il puisse panser mes souffrances et combler le vide.
Et c’est précisément cette attitude qui sèmera dans votre futur des graines pourries, elles créeront les embûches dans la nouvelle relation, elles feront remonter les blessures pas résolues au bon moment, et cela ne loupera pas, elles vont ressortir par projection dans votre prochaine relation amoureuse, pour être résolues. Du bon boulot d’auto-sabotage !
2 - LA COLÈRE
Dans tous les cas cette deuxième étape qu’est le déni, va et vient avec une panoplie d’émotions qui vont de la tristesse à la colère. Un noeud se forme à l’estomac, peut-être la gorge qui se serre, ou l’inverse, des larmes ou le silence, c’est tout et son contraire que l’on vit à cet instant. C’est un tumulte émotionnel déstabilisant. Même les idées plus noires peuvent trouver naissance ici.
La mémoire débloque l’accès à tout un tas de moments passés ensemble, des images, des musiques, des instants qui sont gravés à jamais en nous. Et l’émotion grandit encore plus, la douleur devient souffrance et elle nous déchire en deux.
L’intensité émotionnelle est à son comble, on ne se comprends plus et on cherche un coupable.
C’est nous ? Voilà la culpabilité pointer !
C’est l’autre ? Me voilà victime, c’est injuste !
C’est la vie, etc.. Mais il faut être honnête, on pointe souvent le mauvais coupable.
Car nous sommes à 100 % responsables, mais absolument pas coupables des schémas et des fardeaux qu’on nous a légués.
Malheureusement ceux là viennent toucher à la loyauté familiale et donc au sentiment d’appartenance et là plutôt que les redonner à nos parents, nous préférons porter le sac à dos et le bandeau pour les yeux qu’ils nous ont confié dans notre enfance avec le serment indirect de fidélité !
3- LE MARCHANDAGE
On ne sait plus vraiment comment et quoi faire .....alors on marchande. Ici nos pensées vont d’un extrême à un autre, de prendre ses responsabilités à se victimiser, de la vengeance à la pénitence.
Confronté à nous-mêmes, dans cette bourrasque émotionnelle, nous passons de reproches à remords, de séduction à agressivité...Nous nous trouvons dans une dualité interne douloureuse et vicieuse, sans en voir le bout puisqu’on se bats contre nous-mêmes et contre tout !
De très fortes contradictions nous habitent et nous pourrions même tomber dans le marchandage avec l’invisible.
Notre place est remise en question. Cette place que l’on avait avec cette personne, ce que l’on était pour elle et ce qu’elle était pour nous. Et là maintenant, on peut ressentir un vide qui s’est crée. Un vide à la hauteur de la place que cette personne avait pour nous.
Raisonner ne sert à rien à ce moment là, rien ne serait vrai de ce que l’on perçoit. C’est simplement le moment d’arrêter de fuir, d’arrêter de se battre et d’aller vivre sa tristesse.
4 – LA TRISTESSE
La puissante énergie retombée, nous voilà avec la tristesse. Nous pouvons comprendre et accepter la situation, mais nous sommes encore dans l’incapacité d’y faire face.
Détresse, larmes, plus d’appétit, plus de goût à rien ! La tristesse est une étape très particulière dans laquelle nous pourrions rester coincés à vie et faire des allés et retours entre le déni, la colère, le marchandage, pour revenir à la tristesse dans un cercle vicieux qui s’ancre de plus en plus.
La forte douleur de l’absence, le manque que l’on ressent et la loyauté à la personne que l’on a perdu nous immobilisent. Malgré le fait que ces sensations s’espacent avec le temps, elles ne sont pas synonyme de guérison pour autant si l’étape suivante n’est pas franchie.
C’est ici qu’il est nécéssaire d’être vigilant et en cas de besoin se faire aider par un thérapeute.
5 - RÉSIGNATION
Nous nous demandons dans ces moments de lucidité comment avancer ?
Une sorte de résignation, car on a l’impression d’avoir tout fait pour remédier à la situation, d’avoir tout essayé et malgré cela nous ne pouvons rien y changer. Nous sommes fatigués ! On dépose toute sortes d’armes et on vit son quotidien seul.
Nous mettons en place de nouvelles habitudes, on refait la déco de la maison, peut-être qu’on change de coupe, voir de style et on s’en remets à la vie qui reprends ses droits. Adviendra ce qui doit être en somme. C’est le tout premier pas d’acceptation réelle de la situation.
6 – L’ACCEPTATION
Comment accepter cette nouvelle vie sans cette personne ? Accepter ce qui nous a été imposé est toujours plus douloureux de quelque chose que l’on a décidé soi-même.
Quoi qu’il en soit l’avantage de cette étape est qu’ici nous pouvons nous souvenir honnêtement, ses bons et ses mauvais côtés, prendre ses responsabilités et redonner les fardeaux qui ne nous appartiennent pas. Voir la réalité telle qu’elle a été et être sincère avec soi-même.
Les émotions sont moins intenses, les idées plus claires qu’au paravant. On sait qu’on y penses toujours mais ça va mieux.
Mais ça ne suffit pas ! Il faut apprendre de sa relation et se reconstruire avec cette nouvelle expérience en plus. Se reconnecter à ses ressources, reprendre sa place dans la société, se réorganiser dans cette nouvelle vie, avec cette nouvelle personne que nous sommes devenues.
Nous ne sommes plus les mêmes qu’avant.
7 – LA RECONSTRUCTION
Le processus du deuil est douloureux et impactant émotionnellement et psychologiquement. Minimiser les souffrances et les réprimer, c’est laisser une bombe à retardement dans notre corps et notre psyché.
Les corps physiques, émotionnels et psychiques sont torturés et il important de tout laisser sortir.
Pour cela il n’y a pas que la parole pour le faire, car parfois la souffrance est indicible. Toute activité créative telle que l’écriture, la peinture peuvent être un excellent moyen, créer c’est exprimer ce que nous sommes à cet instant.
Les exercices de sophrologie passive ou dynamique, de relaxation et le sport feront du bien au corps et à l’esprit.
Le nouveau « soi » est né, il est guéri et s’aime à nouveau, il a une nouvelle identité car il a pris conscience qu’il n’est pas ses blessures, ni son passé, ni ses expériences.
Il est riche de nouvelles ressources, de nouvelles croyances, de nouveaux comportements et surtout il est une meilleure version de lui-même qu’il peut partager avec le monde. Alors reprendre contact avec le monde extérieur et tisser des liens sociaux prends tout son sens, car "nous sommes" !
Pour être heureux dans la vie, il est vital de s’accepter tel que l’on est, à l’étape d’évolution où l’on se trouve et vivre ce qu’il y a à vivre. Le bonheur et le malheur font partie de la vie, ils sont les opposés d’une même pièce et vouloir éviter d’être malheureux est la même chose que s’empêcher d’être heureux !À fuir le malheur, on fuit le bonheur !
Une vie heureuse n’est pas une vie dans le bonheur permanent, celle-ci n’existe pas, c’est une pure illusion. Une vie heureuse est d’accepter notre humanité et s’aimer quoi qu’il arrive.
Nous pouvons faire au mieux pour mieux aimer, tel est notre grand pouvoir !
Une grande dame sur mon chemin de vie a dit cette phrase qui est désormais gravée en moi
« pour espérer un jour vivre un grand amour il faut être infidèle à nos parents »
Si cela t’interpelle clique ici tu trouvera sa vidéo.
Sacrément AIME
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